Plan B
ou
"Les marionnettes de l'inconscient"
Ce magnifique film intimiste du réalisateur Marco Berger nous montre d’une part, que le moi d’une personne est une marionnette de l’inconscient et d’autre part, que celui qui dirige le « moi » est le sujet de l’inconscient.
Dans différentes séquences, ce film nous montre l'émergence des formations de l’inconscient. Par exemple : de quelle manière, le sujet de l’inconscient utilise-t-il le mot d’esprit pour se frayer un chemin vers le conscient. Grâce au mot d’esprit, l’inconscient se révèle là où, dans le domaine du conscient, une vérité ne peut pas être dite.
L’inconscient peut se faire entendre à travers son sujet faisant passer vers le conscient sa propre vérité ; il le fait soit sous forme d'un mot d'esprit soit dans un acte en faisant jouer un « comme si ».
Freud a écrit un livre intitulé : “Le mot d’esprit et sa relation avec l'inconscient”
Nous pouvons remarquer que dans le langage familier nous entendons souvent dire que celui qui joue avec le feu finit par se brûler.
Bruno, un des protagonistes du film apprend que son ancienne petite amie sort dorénavant avec un autre homme. Son ancienne petite amie lui avait dit au téléphone que ce garçon est un homme très ouvert et sincère et qu’il lui avait avoué qu’il avait eu une expérience homosexuelle.
Bruno incarne dans ce film un personnage obsessionnel. C'est-à-dire quelqu’un qui d’une part souffre de tortures infligées par ses pensées et, d’autre part, est attiré par l’autre homme, son semblable, auquel il attribue, un savoir y faire avec la jouissance. Bruno, affecté de cette névrose, tombe dans son propre piège. Le « Plan B » est la toile d’araignée que Bruno brode, où il est en même temps l’araignée qui tisse et la mouche qu’elle attrape.
Pablo, contrairement à Bruno, est un garçon pur et sincère, il n’a pas peur de se confronter à sa propre vérité. Le mensonge qu’il a raconté à sa fiancée fonctionne pour lui comme un bouclier pour se protéger de sa propre vérité ignorée jusqu’alors ainsi que pour mettre à l’écart une trop forte pression qu’il pourrait ressentir venant du désir de sa compagne. Mais au travers du mensonge prononcé par « le moi » conscient, ce fut l’occasion pour le sujet de l’inconscient de faire advenir vers le conscient une vérité jusque-là refoulée.
Dans le gymnase où nos deux protagonistes se sont rencontrés, ce fut Pablo qui le premier regarda avec insistance Bruno. Pablo trouvait Bruno très semblable à un homme qu’il avait aperçu en photo chez sa fiancée, l’ancienne amie de Bruno.
Sous la photo de Bruno, Pablo avait vu écrit: « le français », C’est pour quoi dans le gymnase, Pablo demanda à Bruno si on l’appelait «le français ».
Bruno n’avait pas compris cette question venant de Pablo. En effet, la fiancée de Pablo avait changé les noms sous les photos qui étaient fixées sur un panneau chez elle. Pablo, avait remarqué sur ce panneau la photo de ce nommé « le français » et il l’avait prélevée sans rien dire, soigneusement enveloppé dans un bout de papier il l’avait rangée dans son portefeuille.
Bruno qui ne connaissait pas cette petite histoire, rigolait. Il pensait que cette question venant de Pablo était plutôt une excuse formulée pour s’approcher de lui.
Sur cette séquence du film, nous pouvons apprécier comment, à travers le regard, se met en scène le désir. Pour Bruno, Pablo incarnait « l’autre homme » celui qui, dans la névrose obsessionnelle, enserre en lui le mystère d’un savoir y faire avec la jouissance.
Bruno, trouvant que Pablo était un garçon plutôt mignon, mit en place le « Plan B ». Ce que Bruno ne savait pas c’était que le mystère que Pablo enserrait en lui n’était rien d’autre que son propre désir refoulé.
En revanche, pour Pablo, Bruno représentait la possibilité pour lui, de pousser plus loin la quête de sa propre vérité. Le mensonge que Pablo, avait dit à sa fiancée, à savoir qu’il avait couché avec un garçon, le hantait depuis un certain temps.
Ainsi nous pouvons dire que le « Plan B » est un piège avec lequel l’inconscient traque le conscient. Dans le terreau du « Plan B » nos deux protagonistes qui ne sont rien d’autre que des marionnettes de l’inconscient vont livrer leur jeu. Surprise ! De mots d’esprit en mots d’esprit, de « comme si » en « comme si », l’inconscient va se frayer son chemin vers le conscient. Il en finit par imposer sa propre vérité.
Nos deux protagonistes d’apparence hétérosexuels vont finir, à la fin de la partie, par former un couple homosexuel.

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