Réalisé par : Santiago Otheguy
Avec : Jorge Roman,...
Sortie le : 11 juillet 2007
Film : France, Argentine, drame, 2006, Noir et blanc, Tout public
Synopsis
Dans un labyrinthe de rivières et de ruisseaux, monde sensuel et sauvage, Alvaro mène une vie humble et solitaire, la pêche et la coupe des roseaux constituant son labeur quotidien. Son homosexualité et sa passion pour les livres font de lui un personnage à part parmi les habitants de cette région d'Argentine perdue dans le temps. Le seul lien entre ce territoire sans frontières définies et la ville est constitué par "La León". Ce bateau-bus est piloté chaque jour par « El Turu », un homme violent et autoritaire, devenu le relais incontournable de toute communication entre les habitants. El Turu voit la différence d'Alvaro comme une menace et semble déterminé à le harceler...
Ma lecture de ce film :
Le scénario se déroule vraisemblablement dans la province de Corrientes sur une des multiples branches de la rivière Paraná. Au nord et vers l’est nous trouvons la province argentine de Misiones et vers l’ouest l’Etat du Paraguay. Je le suppose car, interrogés par Alvaro, les coupeurs de bois disaient pour une partie venir du Paraguay, tandis que les autres étaient appelés les Misioneros, c'est-à-dire les gens qui habitent la province de Misiones.
Comme le synopsis l’indique, cette région d’Argentine se trouve perdue dans le temps et très isolée. Ce n’est pas par hasard que le réalisateur a choisi cet endroit pour tourner un film qui parlera de la solitude, et pour mieux mettre en relief la tristesse inhérente de ses habitants, le film est tourné en blanc et noir.
L’endroit composé d’îlots épars, est hostile, les villes qui l’entourent sont délabrées et abandonnées à leur sort, le seul lien entre les habitante entre eux et avec les villes est assuré par un bateau « La León » dont le pilote, un homme violent et aigri surnommé «  Le Turu » n’aime pas tout ce qui est différent. Il met le feu au campement des coupeurs de bois venus du nord pour qu’ils s’en aillent, il ne veut aucune personne étrangère dans les îlots. Le Turu  est aussi interpellé par Alvaro, le personnage du film sur lequel on ne connaît pas d’histoire avec des femmes et dont il suppose, à juste titre, qu’il est homosexuel.
Le nommé Turu, comme c’est souvent le cas, est attiré par ce qu’il rejette le plus et qui n’est rien d’autre que son propre désir refoulé. Un soir, lors d’une fête, il arrive à coincer Alvaro, et comme ce dernier est consentant ils ont un rapport sexuel. Sans aucune suite –  chacun reste dans sa propre solitude. Alvaro comme beaucoup d’autres pour survivre doit faire plusieurs métier : la coupe des roseaux, la coupe illicite du bois, la reliure de livres, etc.
Alvaro est présenté comme un solitaire, ayant une jouissance homosexuelle, donc marginal comme tous ces contrées et n’arrivant pas à établir des liens autres que le travail.
Je me demande si ce film ne nous montre pas autre chose de beaucoup plus radical, c'est-à-dire : un malaise des temps modernes où hommes et femmes, homosexuels ou pas, sont chacun voués à leur solitude, et cela même en habitant dans des pays industrialisés avec tous les moyens dits de « communication » à leurs disposition. Des vies en blanc et noir, sans couleur, sans liens autres que le travail.
Malgré sa lenteur c’est un film à voir et qui donne à réfléchir.

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